Status Quo à Carcassonne - Mardi 7 juillet

ARTICLE DANS LA DEPECHE AUJOURD'HUI A CARCASSONNE

Les réfractaires disent de Status Quo qu’ils font toujours la même chose. Leurs fans objecteront par comparaison que Brassens chantait invariablement la même rengaine. Et pourtant on en redemande. Les amateurs véritables de musique en tout cas, partagés ici entre les genres actuels de la Bastide et les «vieux trucs» de la Cité, trouveront que là n’est pas la question. Tout est affaire d’émotions, de transport, de ressenti. Et d’énergie.
Là-dessus les Status Quo, sexagénaires attardés dans le rock’n’roll de leur adolescence, ont démontré hier soir, devant un public sans âge au théâtre Jean-Deschamps, que la seule règle est l’envie. «Just doin’ it», en jouant simplement la musique qu’ils aiment, Rick Parfitt (guitare rythmique), Francis Rossi (guitare lead), Matt Lettley (batterie), John «Rhino» Edwards (basse) et Andrew Bown (claviers, guitare et harmonica) sont étonnants à force d’être entraînants. Par comparaison encore, les ZZ Top sur la même scène l’an dernier paraissent aujourd’hui bien peu consistants! Calé dans ses starting-blocks devant une façade d’amplis Marshall blancs, c’est Parfitt qui donne le départ de ce qui, au bout d’une heure trente, n’aura semblé durer que le temps d’une course de haies. «Caroline» sent bon le boogie-hard et file comme une vieille locomotive parfaitment huilée. Au charbon, les Quo ne sont pas les derniers: «The Wanderer» a le son gras et épais des Fender Telecaster usées jusqu’à la corde, et un signe qui ne trompe pas, c’est que le public, debout depuis l’arrivée du groupe, ne se rassoira plus. Les quinquas s’éclatent, tous les petits jeunes qui ne sont pas allés hurler GRÉGOIRE place Carnot aussi. Les autres se demandent comme nous s’ils auront la même pêche au même âge... Après «Rain» vient le groove puissant de «Don’t Drive my Car» et le réjouissant trio de voix de «Softer ride», avant un medley fait à base de «Proposin’». Parfitt étale une collection de guitares impressionnante. Rossi ajoute le geste au solo, très fin guitariste il est aussi le roi de la mimique. Enfin tout ça donne l’air d’une promenade de santé! Pourtant «Pictures of the Matchstick Men», dont les trois premiers accords semblent avoir inspiré Gainsbourg pour son «Bonnie and Clyde», une vraie perle soit dit au passage, fut le tout premier hit de Status Quo en... 1968. Suivent une autre antiquité, «Ice in the Sun», «Creepin’ Up on You» qui ne fait pas dans la dentelle côté paroles, mais voit Rossi sortir un de ses solos les plus éclatants, et il est déjà 22h30. «In the Army Now» donne le signal de la grosse artillerie: solo de batterie, «Down Down», «Whatever You Want» et «Rockin’ All over The World» s’enchaînent jusqu’au premier et dernier rappel, «Bye Bye Johnny». Merci, et salut. Les Anglais ont filé à l’anglaise, en peignoir-éponge, dans deux vans Mercedes garés au pied des lices.
Pascal Charras
Le concert de Status Quo hier soir au théâtre Jean-Deschamps: pas un temps mort, le public debout de A à Z, et un train d’enfer pour finalement filer... à l’anglaise au bout d’1h30. Vous aviez un avion à prendre?