La claque !!!
Le Grand Rex n'est absolument pas une salle faite pour le rock
(comment se remuer le popotin échoués dans de tels fauteuils?), mais lorsqu'il s'agit de venir écouter un récital comme c'était le cas lundi soir, l'acoustique et le cadre de ce lieu sont parfaits.
En effet, quoi de plus approprié que cette voute étoilée pour a great gig in the sky?
Si Bruno était tout devant, j'étais pour ma part au 7ième rang, légèrement sur le gauche
(coté Rick si vous préférez), avec juste ce qu'il faut de recul pour apprécier l'ensemble du show sans avoir à tourner la tête.
20h10: le kangourou sur l'écran circulaire sort un 33t de sa discothèque et le pose sur sa platine. Et c'est ainsi que le show débuta par l'intégralité de la face A de
The dark side of the moon.
D'emblée, le son est impeccable, chaque instrument se distinguant clairement sans être étouffé par un autre. Le guitares sont énôôôrmes, la batterie claque tandis que les claviers et les samples traversent la salle et votre tête avec un saisissant effet de spatialisation, du grand art! Ce genre de musique ne souffre d'aucun à-peu-près en ce qui concerne la qualité du son, les Australiens ont su franchir ce premier écueil avec maestria.
Et la musique dans tout ça?
L'interprétation est on ne peut plus fidèle et rigoureuse, avec un bémol cependant au chant lead sur "Time" (en vérité, seul Gilmour est capable de chanter ce titre avec le même timbre rocailleux que sur l'album). Par contre, mention exceptionnelle à la choriste qui chantera "A great gig in the sky". Le public ne s'y trompera d'ailleurs pas et saluera comme il se doit le chef d'œuvre de Rick Wright et son interprète.
Après cette première salve, le kangourou retourne à sa platine et y pose une autre galette:
Wish you were here.
Et c'est reparti pour 20 nouvelles minutes de panard absolu avec "Shine on you crazy diamond" suivi de "Welcome to the machine".
Bruno vous l'a dit, le troisième album mis en exergue lors de cette première partie de show fut le sous-estimé
Animals.
Cette partie du concert en fut pour moi le point d'orgue. J'ai été littéralement scotché par ces 25 minutes toutes en puissance et en nuances. Imparable.
Après les 20 minutes d'entracte, le kangourou sur l"écran abandonne sa platine pour un vieux Walkman Sony
(premier modèle, la grosse boite bleue, vous vous souvenez?) et y glisse une K7 intitulée "Pink Floyd Mix". La deuxième partie s'annonce moins thématique et plus axée sur les hits.
J'ai été surpris par le fait d'entendre des titres du Floyd post-Waters, persuadé (visiblement à tort) que ces Aussies étaient des "puristes" qui, comme moi, considéraient
A momentary lapse of reason et
The division bell comme des albums "illégitimes". Mais, bien que n'accrochant pas à cette période du groupe, je doit avouer que ce "Learning to fly" et ce "High hopes" furent interprétés avec une telle perfection qu'on ne pouvait que s'incliner.
"Money" et "Wish you were here" furent monumentaux, mais pour moi le moment le plus fort de cette seconde moitié de spectacle a été "Set the controls for the heart of the sun", puissant, envoutant, magistral!
Curieusement, les extraits de
The wall sont ceux qui m'ont le moins convaincu
. Mais c'est sans doute de ma faute: cet album est probablement celui que j'ai le plus écouté de toute ma vie (j'en possède un grand nombre d'enregistrements), et je donc probablement très (trop?) exigeant en ce qui concerne cette oeuvre. Si clôturer les rappels par "Run like hell" était une très bonne idée, j'ai trouvée cette interprétation assez bordélique, un comble quand on voit le souci du détail et la précision qui ont prévalu durant les plus de deux heures précédant ce final.
Si vous avez eu le courage de me lire jusque ici, vous aurez compris que The Australian Pink Floyd Show c'est vraiment exceptionnel. Le répertoire de Pink Floyd est certes incomparable, mais ils ont su se mettre au service de cette œuvre (et non l'inverse) avec rigueur, respect et humilité. Un très très grand Tribute-Band au sens vrai du terme: hommage.
Au court chapitre des "moins", je citerai des petites faiblesses vocales sur certains titres, un light-show parfois un peu "too much" (on avait parfois un peu de mal à distinguer ce qui se passait sur scène), quelques problèmes techniques
(dommage la panne de delay au début de "One of these days" ), et un coté vraiment plus "performers" que "entertainers" d'où une certaine froideur sur scène.
J'ai par contre beaucoup apprécié cette revendication permanente de leur nationalité Australienne, que ce soit au travers de l'omniprésent kangourou, ou par la présence marquée du "Down under" de Men At Work dans l'intro de "Wish you were here".
Coté set-list, il ne manquait que "Echoes" pour frôler le sans-faute, mais ça aurait mis la durée du show à quasiment trois heures.
A moins de virer les titres "illégitimes" ... mais force est d'avouer qu'ils furent interprétés à la perfection et qu'ils étaient tout à fait à leur place dans cette setlist" best-of".
@Bruno: désolé de m'être évadé aussi vite mais la nuit fut courte avant une garde qui s'avéra bien longue. A très bientôt pour cette mousse.